Chaque année en France, 180 000 tonnes d'emballages sont produites par le secteur de la restauration rapide *. En constante augmentation, ce chiffre est le nouveau défi de l'Union européenne. En France, tout repose sur le plan Économie circulaire, dont le but est d'abroger tous les plastiques à usage unique dans les secteurs professionnels comme dans le privé. Les objectifs sont clairs : 100 % des plastiques seront recyclés d'ici à 2025, et 2040 signera la fin de la mise sur le marché des emballages à usage unique.
Or, en restauration ce type de matériau reste encore largement majoritaire. Et pour cause : « Le plastique présente des avantages techniques, sanitaires et économiques que ses alternatives n'ont pas, explique Jean-Christophe Soulier, directeur général en charge du commerce et du marketing chez Solia (créateur de solutions packagings designs et responsables pour les métiers du food service). L'étanchéité, la transparence et l'originalité des formes sont plus difficiles pour les autres solutions existantes. » Il est donc le matériau magique du XXI l'on retrouve partout, pourtant son impact environnemental n'est pas des moindres : il faut compter quatre siècles pour qu'il se dégrade totalement. Sans recyclage, il termine sa vie dans les océans et contamine toute la chaîne alimentaire.
Solia est un créateur de solutions packagings designs et responsables pour les métiers du food service
L'économie circulaire consiste à limiter la consommation et le gaspillage des ressources ainsi que la production de déchets pour créer des biens et services durables, rendue possible en encourageant à la réutilisation, au recyclage ou, à défaut, à la valorisation des déchets. Le plan repose sur la loi du 18 août 2015 portant sur la transition énergétique pour la croissance verte et sur la loi anti-gaspillage promulguée le 10 février 2020. Les restaurateurs devront définitivement être sortis du plastique jetable en 2040, une vraie révolution pour les habitudes du secteur. Au-delà du fait d'être en conformité avec la loi, Tatiana Rumeau, directrice générale de Comatec, estime que « c'est aussi un moyen d'éduquer le consommateur ».
Face à ces nombreuses obligations et interdictions, il est impératif de changer notre vision de l'emballage. Il ne doit plus être un atout de communication esthétique aux couleurs de l'enseigne, mais il doit remplir sa fonction première : faciliter le transport en ayant le moins d'impact possible sur l'environnement. Avec la montée en puissance du recours à la vente à emporter, du click & collect et de la livraison depuis la Covid-19, il est impératif de trouver des alternatives aux objets en plastique utilisés pour la restauration.
Les matériaux alternatifs
Pour Serge Merran, P-DG de First Pack, pionnier de l'emballage écoresponsable, « nous devrions chercher à utiliser des emballages mono matériels ou bimatériels afin qu'ils soient toujours compostables », comme la canne à sucre, l'amidon de maïs (ou PLA), le bambou, le palmier et le carton, chacun présentant un atout dans l'économie circulaire.
First Pack utilise notamment la canne à sucre ou l'amidon de maïs pour créer ses emballages
Mais pour Jean-Christophe Soulier (Solia), l'utilisation de ces matériaux ne suffit pas pour abandonner le plastique. « En plus du plastic bashing, nous devrions trier nos déchets, bien gérer les ressources naturelles comme le bois pour en faire des alternatives durables et alterner entre le plastique et ses alternatives pour ne pas reporter le problème de la surproduction et des décharges sauvages à d'autres matériaux. » Le temps est donc à la transition, d'autant plus que les alternatives plus écologiques sont déjà disponibles.