Le repas devient fonctionnel

  • Temps de lecture : 2 min

L’alimentation s’est individualisée. Les rythmes de vie, l’environnement et les pratiques alimentaires du passé n’existent plus. Pour Philippe Goetzmann, dirigeant d’un cabinet de conseil dédié au changement de modèle de la consommation, nous subissons les pratiques alimentaires dont nous sommes pourtant à l’origine.

Selon une étude menée par le Gira conseils, le nombre de repas pris hors domicile entre 1999 et 2019, a augmenté de 45 par an en moyenne et par personne. Une preuve pour Philippe Goetzmann, consultant en grande consommation et agroalimentaire, de la mutation des pratiques alimentaires. « S’il y a cinquante ans, la préoccupation majeure des populations était de se nourrir, le repas est entrain de devenir de plus en plus fonctionnel », affirme-t-il. 

Pour lui, l’alimentation s’est individualisée, et les codes du moment de convivialité ne sont plus les mêmes. « Il n’est pas rare dans les ménages, à deux, trois ou quatre, qu’on mange ensemble, mais pas le même plat cuisiné. Il n’est même plus rare, du fait de nos horaires, que l’on ne mange pas ensemble tout en étant sous le même toit », détaille le consultant. 

La compétence cuisine se perd 

63% des Français ont moins confiance dans l’alimentation actuelle, selon OpinionWay, dans sa dernière étude pour le MeatLab Charal. « Cette compétence cuisine, qui pour moi est importante, non pas pour l’acte de cuisiner, mais pour la compréhesion de la chaîne alimentaire, est une des clés du problème de confiance. Comme on a plus la compétence, on ne peut pas avoir confiance », précise Philippe Goetzmann. Ce qui était une tâche ménagère est davantage devenue un loisir, selon lui. Il explique enfin que cette confiance a été déléguée aux marques dès les années 70, ce qui est depuis une dizaine d’années remis en question. L’exemple du bio démontre comment le recours à un label peut mener à des erreurs de jugement, puisque celui-ci n’apporte aucune indication nutritonnelle, contrairement à ce que les consommateurs pourraient penser. Ainsi, « la transmission de la connaissance » est un sujet d’avenir selon Philippe Goetzmann, qui s’apprête à officialiser la présentation d’une nouvelle structure dénommée « Faire Mieux ». Cette dernière vise à réfléchir et porter des projets multi parties-prenantes de transitions alimentaires.

PARTAGER