La proportion de liquidations judiciaires en forte augmentation en 2021

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Même si le secteur des CHR a connu 50 % de défaillances en moins qu’au premier trimestre 2020, l’année 2021 débute sur un ton inquiétant : pour huit entreprises sur dix, la défaillance est synonyme de liquidation judiciaire, d’après les chiffres de la société Altares.

« Du jamais vu en 20 ans » : c’est ainsi que la société Altares décrit les résultats de son étude sur les défaillances et liquidations des entreprises au premier trimestre 2021. De manière générale, par rapport à la même période en 2020, huit jugements sur dix sont des liquidations directes, tous secteurs confondus. Ces chiffres concernent principalement les petites entreprises, dont notamment celles du secteur des CHR. 

Un niveau de défaillances toujours exceptionnellement bas…

Le niveau de défaillances des entreprises du CHR reste particulièrement bas au premier trimestre 2021. 701 procédures ont été ouvertes, c’est moitié moins (-51 %) qu’il y a un an. La tendance est portée aussi bien par la restauration traditionnelle (-54 %) que rapide (-50 %). La baisse est également très marquée pour les débits de boissons (-53 %). L’hôtellerie enregistre une baisse de 47 %.

Une baisse qui s’explique notamment par les aides (PGE et autres fonds de solidarité) de l’État, mais par que, explique Thierry Millon, responsable des études d’Altares « les organismes sociaux comme l’Urssaf, qui sont à l’origine de 30 % à 40 % des défaillances, n’assignent plus les entreprises depuis un an ».

… mais la part des liquidations judiciaires augmente fortement

Comme pour les autres secteurs de l’économie, les CHR connaissent une augmentation forte des liquidations judiciaires. Un phénomène symptomatique de la détresse des petits patrons, rapporte Thierry Millon, cité par Les Échos« Le fait que huit entreprises sur dix soient directement liquidées marque l’épuisement des petits patrons. Il prouve que ceux qui font aujourd’hui leur déclaration de cessation de paiements n’en peuvent plus et ne cherchent même plus à obtenir un plan de continuation d’activité. »

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Un phénomène corroboré par l’étude de l’observatoire Amarok, spécialisé dans la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés, sur l’état de santé des chefs d’entreprise. En ressort le constat d’un niveau d’épuisement professionnel élevé, lié à l’inactivité ou à l’empêchement.

La reprise impressionnante des procédures fin mars inquiète les analystes

« Le mois de mars pourrait […] constituer un point de bascule, explique Thierry Millon. D’abord sur le changement de rythme des ouvertures de procédures, attendu mais impressionnant. Sur les deux premières semaines de mars, les défaillances d’entreprises sont en très fort recul (-48 %), mais sur les deux suivantes elles explosent de 155 % comparées à la même période de 2020, qui marquait le début du confinement, le gel des cessations de paiement, la fermeture des juridictions et donc la suspension temporaire des audiences. »

D’après Altares, la grande vague de défaillances, prévue depuis longtemps déjà, pourrait arriver très bientôt. Le directeur des études de la société prédit un cap particulièrement complexe à passer pour les entreprises lorsque les aides de l’État, destinées à aider pendant la crise, viendront à s’alléger, voire à cesser : « La question se pose notamment pour les entreprises ayant bénéficié d’un PGE : la Banque de France estimait en début d’année que 4,5 à 6 % des PGE auraient du mal à être remboursés. »

Parmi les dangers potentiels qui apparaîtront au moment de la reprise, Altares met en garde contre « l’effet domino » généré par le risque très élevé de défaut des clients : « L’impayé client ou la faillite du client sont des situations dont beaucoup d’entreprises ne se remettront pas après le Covid. Les entreprises qui ressortiront de cette crise dans les meilleures conditions sont celles qui, au-delà de leur propre situation financière, pourront compter sur des fournisseurs et des clients fiables et solides. »

Notes : retrouvez l’étude complète d’Altares à ce lien. 

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