Collectif Les Essentiels : « Le but est de se réunir pour se faire entendre et mener des actions communes »

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Alors que leurs activités ont été classées « non-essentielles » par le Gouvernement, des indépendants de la région lyonnaise ont décidé de se rassembler dans un collectif baptisé « Les Essentiels ». Leur but : agir pour le bien de tous ceux qui sont contraints de fermer leurs portes.

Restaurants, bars, traiteurs, hôteliers, mais aussi artisans ou professionnels de l’événementiel. Tous sont touchés de plein fouet par la crise sanitaire et ont dû une nouvelle fois fermer leurs portes au public. « Nous nous sommes rendu compte que, quel que soit notre secteur d’activité, nous avions les mêmes revendications », explique Julien Chazot, chef du restaurant L’Encart (Lyon 2), qui s’exprime au nom du collectif. D’abord formé par 12 commerçants lyonnais il y a trois semaines, « Les Essentiels » comptabilise aujourd’hui 78 membres. « La liste va continuer à s’allonger, le but étant de fédérer un maximum de monde », ajoute-t-il. Le collectif a pour ambition d’une part, de faire savoir à l’opinion publique que beaucoup d’entre eux n’ont reçu aucune aide financière, ni soutien et d’autre part, d’ouvrir un dialogue avec l’État, selon plusieurs axes.

L’indemnisation des travailleurs non-salariés

Si les entreprises peuvent recevoir des aides et les salariés le chômage partiel, les responsables de structures, souvent seuls à gérer leur entreprise avec un statut de travailleur non salarié, ne perçoivent rien. « C’est la revendication la plus importante selon nous, estime Julien Chazot. Actuellement, rien n’est fait pour notre salaire, nous ne vivons avec rien. Nous ne rentrons dans aucune catégorie, à part nous servir sur notre compte de travail, nous ne percevons aucune rémunération. » Il assure que certains membres du collectif ne touchent pas de salaire depuis huit mois. « L’argent de nos sociétés n’est pas notre argent, nous ne pouvons pas puiser dans notre trésorerie pour nous rémunérer », ajoute-t-il. Les concernés souhaitent pouvoir bénéficier d’un minima social, calculé sur la base du SMIC et/ou du chômage partiel, en se basant sur leurs rémunérations antérieures déclarées.

Une action sur les loyers

Le collectif juge largement insuffisant la mesure annoncée en même temps que le confinement, d’un crédit d’impôt de 30 % consenti aux bailleurs qui abandonnent au moins un mois de loyer. « C’est un effet d’annonce, ce n’est pas une aide, l’État doit se substituer à nous pour les loyers, défend Julien Chazot. Nous savons que nos propriétaires, souvent des particuliers, ont besoin de cet argent pour vivre, donc pour nous ce n’est pas à eux de payer. » Le collectif demande à l’État d’allouer un crédit d’impôt proportionnel à la baisse du loyer, tout en appelant les bailleurs à se saisir du sujet, afin de donner de l’écho à leur démarche.

Homogénéisation des aides

Au sein du collectif, certains ne perçoivent aucune aide, à l’instar du Cabaret Le Lyon Rouge (Brignais), des traiteurs ou encore des danseurs. « Nous demandons une homogénéisation des prises en charge des pertes d’exploitations pour ceux qui ne rentrent dans aucune case », explique Julien Chazot. Selon le collectif, peu importe le code APE, toutes les sociétés devraient pouvoir bénéficier des aides à la même hauteur.

Anticipation des protocoles

Enfin, le collectif appelle le Gouvernement à mieux anticiper les protocoles. « Nous sommes conscients de l’importance de ces protocoles, mais au mois d’octobre, nous avons eu des mesures différentes toutes les semaines, rappelle Julien Chazot. Une société ne se gère pas à vue d’œil, semaine par semaine. » Les membres demandent à ce qu’une durée de trois semaines précédant la mise en place d’un protocole sanitaire nouveau soit respectée, afin d’avoir le recul nécessaire et mesurer les effets des mesures. 

Julien Chazot, chef du restaurant L’Encart (Lyon 2), compte parmi les membres fondateurs du collectif lyonnais.
Photo : Alexane Roux 

Le nouveau collectif souhaite mettre en place des actions, en cuisinant pour ceux qui en ont besoin par exemple, afin de se faire connaitre et entendre. « Nous ne pensons pas faire de manifestation, mais plutôt des actions symboliques, pour offrir une aide à des associations par exemple, aider ce qui en ont besoin comme on peut », conclut Julien Chazot.

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