Certains restaurants n’ouvriront pas le 19 mai

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Le 19 mai, date à laquelle les terrasses seront autorisées à accueillir du public, tous les restaurants ne seront pas ouverts. De nombreux gérants ont dores et déjà décrété qu’ils garderont portes closes. Les raisons sont multiples.

« Nous avons fermé en 24 h à chaque fois, mais nous allons ouvrir sur plusieurs semaines. » Alain Fontaine, président de l’AFMR, donne le ton : après une si longue mise en sommeil, la réouverture du secteur CHR va prendre du temps. De nombreux établissements vont manquer certaines étapes du calendrier de réouverture. Car si le gouvernement de Jean Castex a donné son feu vert pour l’ouverture des terrasses des bars et restaurants français le 19 mai, la prudence reste de mise dans la profession.

La météo aura le dernier mot

Pour bon nombre de gérants, la seule ouverture des terrasses n’est pas suffisante pour remettre en route toute la machine. Il faut du temps au temps. Le temps, c’est d’ailleurs l’une des principales inquiétudes des restaurateurs. Si la pluie s’invite le 19 mai, les choses vont nettement se compliquer pour eux. Il leur sera impossible d’inviter leurs clients à se réfugier à l’intérieur. « Nous sommes complètement tributaires de la météo », souffle ainsi Patrick Laur qui gère pas moins de sept établissements à Paris et à Toulouse. « Le climat reste un problème. Si vous avez un temps magnifique, cela ira. Mais le 19 mai, rien n’est gagné », confirme Alain Fontaine. Cette incertitude pourrait devenir un véritable casse-tête pour les restaurateurs car elle pourrait grandement perturber leur gestion des stocks. « Lorsque vous faites des produits frais dont les DLC ne dépassent pas les deux/trois jours, il suffit qu’il se mette à pleuvoir quatre jours d’affilée et tout ira à la poubelle. Ce n’est pas tenable ! », note Pierre-Olivier Watson, alias Péo. Pour ce gérant de plusieurs établissements dans la région Hauts-de-France et représentant de la branche discothèques de l’Umih, la réouverture reste « symbolique » et ne marque pas un retour à la normale.

De nombreuses incertitudes

Il rappelle que « l’exploitation de la terrasse, surtout dans la région (ndlr : les Hauts-de-France), reste marginale dans notre chiffre d’affaires. Ce n’est pas significatif économiquement. La très grande majorité des exploitants ouvrent leurs terrasses plus pour leurs clients que pour eux ». Il pense néanmoins ouvrir ses propres terrasses mais se questionne encore sur la mise en place ou non d’une offre de restauration, notamment à cause de la question des dates de péremption. Les terrasses posent un autre problème : si dans certaines zones les établissements disposent de grands espaces extérieurs où la distanciation peut être respectée sans réduire leur capacité d’accueil, cela devient plus compliqué dans les grandes villes. « Certaines terrasses sont seulement composées de 4-5 tables en bord de route. Pour eux, cela ne vaut pas le coup d’ouvrir du tout. Je n’y vois aucun intérêt car ils vont sortir du chômage partiel leurs salariés, mais pour faire quoi ? Servir si peu de tables qui ne pourront pas être renouvelées à cause du couvre-feu ? », s’inquiète Alain Fontaine. Pour les établissements parisiens, un autre problème viendra s’ajouter dans quelques semaines : l’absence de touristes étrangers. « À Paris, j’ai des confrères qui m’ont indiqué qu’ils ne rouvriront qu’en septembre. Certains restaurants sont liés à la fréquentation touristique donc ouvrir les terrasses le 19 il n’en est pas question et pour la suite non plus. Sur juillet-août, la capitale va complètement se vider et cela risque d’être catastrophique », souligne Alain Fontaine.

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